BABA EN SILENCE


La présence bien aimée de Baba est si replète de silence que l'on s'attend à tout moment à voir le monde entier en émerger, mais seul un silence encore plus vaste s’en suit.
C'est par le Silence que la première rencontre entre l'homme et les Mystères de Dieu  s'accomplit.
Le Silence de Dieu est réel. En silence Il reçoit l'amour de Ses porteurs d’amour et en silence Il aime ceux qui le dénient.
Mystérieux est le Silence des mystiques. La révélation mystique n'est possible que lorsque le silence est parfait. Dans la révélation, le silence est une expression de la bénédiction provenant de la liberté intérieure. Dans le silence ils écoutent  le Chant de Dieu louant Son Monde sacré. Dieu chante depuis toujours en silence, inobservable, ignoré, sauf de ceux qui expérimentent son Silence infini. Au-dessus du tumulte des voix, Son Silence règne, suprême. Dans le Silence, il est possible pour l'homme de s'abandonner complètement à Dieu; et alors Dieu se révèle Lui Même dans toute Sa gloire, Sa puissance infinie, Son insondable sagesse et Son existence éternelle.
Silence est pure existence.
Dans l'absolu, le Silence n'a pas de début ni de fin. Il demeure comme la seule Réalité, en perpétuelle création, à l’existence éternelle. Bien que le silence soit une réalité omniprésente, rares sont ceux qui en font l’expérience. Cette expérience est différente de toute autre sorte d’expérience. Faire l’expérience du silence, c’est se perdre dans le silence. Celui qui veut trouver Dieu doit tout perdre, y compris sa propre personne. Tous les mots prononcés depuis le début sans commencement jusqu’à la fin sans fin se perdent également dans le silence infini de Dieu. Béni est le Mot qui émerge de la complétude du silence. Dieu créa jadis cet univers avec ce mot béni. Le mot de Dieu ne peut être entendu que dans le silence. Celui qui renonce simplement à la parole est loin d’être silencieux. Cependant, lorsque le silence cesse d’être la force directrice, la quiétude apparente peut être oisiveté. Celui qui se laisse envahir par telle oisiveté voit sa vie prendre une tournure tragique. Silence n’est pas l’inaction. Il transcende toutes les actions et inactions.

N’avez-vous jamais imaginé un monde dans lequel rien ne serait hormis le silence ? Dans le monde du silence, l’éternité Est. Le temps véritable existe en toute intemporalité. Le silence est un phénomène basique qui ne peut être relié à rien d’autre. En silence on peut observer l’être originel de toute chose. En silence l’illimité et le limité sont présents ensemble. Le silence peut exister sans parole ; mais la parole ne peut exister sans le silence. Quand l’arbre de vie est entretenu avec silence les floraisons de joie et de bonheur se produisent dans la plus haute intensité. Toute la misère et le malheur de l’Homme proviennent de l’explosion de son silence intérieur. Aujourd’hui j’observe que la vie humaine ressemble aux ruines du silence.

Les mots des hommes ne sont d’aucune autorité. Dans son sens absolu, tous les mots sont trop inflexibles, car au mieux ils ne font que suggérer le Réel. Aussi longtemps que le chemin de la réalisation existe, les mots peuvent être utiles ; on peut recevoir de l’inspiration grâce aux mots des plus grands. Il est philosophiquement plus aisé d’enseigner à la Terre entière que de pointer la direction du chemin à un aspirant sincère.
Les discours les plus simples transportent le mieux la vérité. La logique extensive, la diction et les commentaires sont putrides – le refuge de l’ignorance en personne. Les vrais arborent sur le chemin mystique la plus grande humilité, guidés par l’Etre Parfait en Silence.
Quand on réalise l’Eternel, son karma est conclu et le but atteint. L’objectif étant accompli, l’Instant Présent devient la seul conscience possible. En vivant l’Instant Présent, il ne peut y avoir aucun but.

La paix réside dans le renoncement de la recherche, mais cela ne peut être opéré ni par une quelconque discipline mentale ni par une aide extérieure. Le renoncement se produit simplement lorsque vous êtes prêts. Fuir sa propre famille n’est pas la solution. Ceux qui fuient ne sont jamais libres. La liberté impose la création, le servage cherche à échapper à son environnement. Arrêtez-vous, quand le silence frappe. Laissez aller, et sachez que ce qui vous appartient vraiment. Le détachement ne s’applique jamais à un objet précis. Si vous avez appris le contrôle de vos sens, arrêtez de contrôler et renoncer au Tout. Alors une force extasiée, celle-là même qu’un millier de réformateurs religieux n’ont su produire, entrera et transmutera votre être. Et alors vous saurez l’intention de votre dévotion et la sagesse de la maîtrise. Vous saurez le premier et le dernier. Mais surtout vous Saurez. Etre absorbé en conscience cosmique c’est être inconscient de l’individualité ; dans l’individualité repose la distorsion. On comprend ceci lorsque notre silence est perfectionné. Le présent, le passé, le futur se dissolvent dans le Silence Eternel.

Dans le silence, si vous parvenez à être conscient de votre ignorance, votre attitude devient révérencieuse. L’ignorance consciente est humilité. L’ignorance divine est humaine. L’ignorance humaine est divine. Le silence parfait est illumination. L’illumination s’exprime en vagues dorées de silence. Dans l’illumination on transcende les pensées ; les pensées ne sont que les ombres de la conscience qui les projette sous cette forme. Nombreux sont ceux qui donnent sermons et discours à propos du mystère de Dieu. Souvent cela ne parvient pas à toucher profondément l’humanité, car ces mots sortent négligemment du silence. Dieu ne peut être discuté et débattu. Dieu se réalise en silence. Dans notre ignorance, on croit parfois que le bruit parvient à dominer le silence. On devient agité lorsque le Silence intérieur disparaît. Le Silence profond permet de changer toutes les années de tumulte en quelques simples instants, autant de moments insignifiants dans la réalisation de l’Eternel Silence. Dans le Silence profond Dieu cesse d’être un objet et devient une expérience. Dans le monde du bruit la vie est gouvernée par le choix d’illusions.

Quand la barque de mots glisse sur la rivière du silence, la musique émane. Le Silence en musique contient toujours la pause, le repos, le moment de silence. L’état ou la condition quand rien n’est audible, en l’absence de tout son, de tout bruit. La tranquillité ou l’immobilité, le mutisme parfois, personnifié. Le silence n’est jamais plus audible que lorsque le dernier son de la musique s’est éteint.
Baba le bien-aimé a fourni le seul présent digne d’être reçu en silence, le présent de l’amour. Il a dit, « propagez-le tel un feu ». Il m’a enflammé. Cette flamme consomme tout et ne laisse rien derrière. Celui qui est gracié par la flamme de l’amour s’offre la possibilité d’être consommé dans le silence. Les mots ne peuvent exprimer ce que cela signifie.

Béni soit le silence. En silence, vous pouvez vous élever des pensées vers la plénitude du Pur Savoir et reposer dans votre propre être, véritable.